Nous nous discernons. Comme des corps célestes, nous nous gravitons autour. Nous nous rapprochons. Tu tends tes bras, m'invitant à m'y blottir. Une oreille contre ta poitrine. Nous tournons sur nous-mêmes, comme si nous dansions un slow. Mes paumes s'apposent sur ton torse, nos paupières closes. Nous planons. Faisons le vide dans notre esprit, pour y faire le plein des sens. Abasourdissants.
Je déboutonne ton chemisier, soignant chacun de mes mouvements. Tu te laisses faire. Je te le retire, caresse doucement ton plexus comme ce qui émane de celui-ci, toujours contre toi. Tu frissonnes. M'arrêtant à tes reins, que je tiens fermement. Toi, tu caresses mes cheveux, puis mon cou, sans me brusquer. Nous nous offrons un long baiser. Fiévreux. Sans nous hésiter. Comme si tu donnais ta langue au chat pour me déchiffrer à travers lui, comme nous déchiffrerions une partition. Elles s'emmêlent comme nous le ferons charnellement. Donc fougueusement.
Je tremble, si bien que mes jambes finissent par fléchir. Tu me rattrapes de justesse sur le sol par-dessous celles-ci, nos parties intimes se cognant à travers nos vêtements. Tes mains qui englobent mes hanches comme tes lippes les miennes, je me cambre, ce qui fait augmenter le désir. Tu en profites pour faufiler ces premières sur mes fesses, fébrilement, les massant, pour me rapprocher de ton bas ventre, me retrouvant comme soudée à lui, comme nous le sommes. Ce que je ne trouve guère désagréable, te le faisant comprendre en bougeant sensuellement sous toi, sans me stopper, t'imaginant en moi. Comme si tu imaginais pareil, tu bouges aussi, et souris à travers notre échange buccal. Doux, et à la fois sauvage. Terriblement sauvage. Nos bouches ne se quittent guère, inondées de se goûter avidement.
Mon haut, presque arraché, à l'aveuglette, virevolte pour atterrir à quelques mètres de nos gestes très explicites. Gestes qui s'accentuent, se ponctuent, pour chacun. Qui voudrait y mettre un terme ?
Sûrement pas nous.
Nous nous touchons comme si nous nous découvrions, zones érogènes exacerbées. En pleine extase, jouissive. Nous parcourant silencieusement, si je puis le dire ainsi. Nos habits ne nous empêchent pas d'avoir du plaisir, évoquent encore plus l'envie de laisser nos écorces se coller, pour atteindre nos résines. Nos mains se bousculent parfois, se sollicitent, comme nous aujourd'hui. Celle de droite qui effleure mes aines, les miennes sur tes épaules et où je le peux. Nous nous savourons, tendrement. Mon pantalon que tu retires tout en me dévorant entièrement du regard, ne tarde guère à dénuder mes cuisses que tu soulèves pour mieux les pétrir. Moi te pétrissant aussi, un peu partout.
Je m'empresse de déboucler la ceinture du tien, rejoignant sa voisine. Débouclant une panoplie d'orgasmes intrinsèques. Seuls nos derniers tissus comme nos esprits, se frôlent, mais nos tissus, plus pour longtemps. La manière dont ils disparaissent est comme si nous nous apprêtions à nous ôter de nos traumatismes. Comme si en nous dégarnissant, nous y appliquions un pansement pour les dissoudre. Purger notre karmasutra. Toi, mon troisième élément que j'associe à l'électricité. La foudre. Nous ne pouvons pas nous esquiver.
J'inhale la poudre de ta dynamite. J'empoigne ta chandelle, le réservoir se remplit. Tu frottes ma lampe, mon génie sort par la bouche. Tu croques ma pomme d'Adam, presses mes oranges, titilles mes bourgeons, explores ma prairie, dégustes mon abricot comme un fruit interdit, engloutissant le jus de la pulpe. Gagnes mon Agartha. Appuies sur ma délicieuse syllabe, puis escalades langoureusement mon col humide, muni de ton piolet. Dans une position délicate, sinueuse, mais émoustillante. L'alpha en l'oméga. Feng & Huang. L' « être » en le « faire », poinçonnés avec un fer bouillant. Missionnaires.
Cette boule de chair qui se vomit de nos poitrines.
Il faudrait une saison spécifique pour décrire le bouleversement climatique qui a opéré chez moi lors de ta venue. Il faudrait un lexique spécifique pour exprimer pourquoi tu me fais autant d'effet, de rentre-dedans. Mais si tu es le verbe, je te parle, me repais de toi, constamment. Je m'abreuve de ta gazoline. C'est certainement pareil de ton côté.
Kidnappe-moi.
De quoi en faire un drame.
L'ascension est fulgurante, la température grimpe. Même si ça glisse, tu continues. De plus en plus escarpé, tu fais des allers & retours pour trouver un chemin sur lequel arpenter. Quelques hyménoptères s'échappent de leur nid, mais cela ne t'interdit guère de progresser. Hurlant cet hymne, ce refrain, d'une gorge rocheuse, rocailleuse, non loin de mes oreilles, telle la pierre philosophale pour mes tympans.
De quoi en dire davantage.
Je suis ta guitare favorite, et quand tu me frôles, toutes mes facultés sont en alerte. Mélodie entraînante que tu m'offres en ce moment, à laquelle je m'accorde avec ferveur. Tu as rétabli ma libido, l'a domptée. Je me suis préservée, pour toi. Je veux que tu saches que je suis toute à toi, comme je l'ai toujours été, que je ne souhaite que ton bonheur, que « oui » est la bonne réponse, que je me suis sacrifiée maintes fois pour toi. Et que ce qui te rends foutrement sexy, est ce que tu dégages par ta prestance. Mais aussi par la manière dont tu m'étreins, par la manière dont tu masses, confectionnes, mes dunes.
Exposés. Forme à forme. Fond à fond. Qui se sont associés, comme nous. Mélange magistral. Percée, pour me pousser à me confesser. Confession sans masque. Sans caparaçon. Nous nous racontons mutuellement, scellés. Confession transparente, transpirante, comme notre épiderme. Ma craquelure s'étend. Tu vas loin, beaucoup plus loin. Nous nous sommes apprivoisés comme nos phéromones compatibles. Nous nous sommes approvisionnés de nos « faire aumônes » intraduisibles. Nous parcourons nos sentiers, la faune dans la flore, tes pétales de platine qui arborent ta tige, pulsations dans l'artère de notre autoroute. En nage dans nos émotions les plus enfouies, que tu vas chercher en mon temple, au plus reculé. En ce fleuve qui porte notre pluie, nous nous laissons ruisseler de nos méandres. Fontaine de jouvence.
Sexualité sacrée. Non refoulée. D'évanoui à épanoui.
Tu t'ajustes à merveille à mon abîme.
Imprégnés l'Un de l'Autre, et l'Autre, de l'Un. Ayant une langueur d'avance, nos énergies se confondent, comme deux pôles. Tu es l'impératrice qui s'est faufilée dans mon panthéon. Le serpent qui ne se mord guère la queue. Avec toi, je ne me suis jamais trompée, il n'y a jamais eu de doutes. Sur ma planète, il n'y a qu'une seule version de toi. Version que l'on ignore. Mais tellement resplendissante.
Je t'ai affranchi. Tu m'as affranchie. Mon promis sans compromis, qui m'a conquise. Celui que j'attendais inconsciemment, comme je suis celle que tu attendais inconsciemment. Lui être fidèle pour tout les jours. Irrémédiable, pourtant mon remède comme je suis le tien. Tu as besoin d'un miracle, mon cher roi de cœur, mon très gentil, tu as besoin de quelqu'un qui prend soin de toi, de moi qui soulagera tes douleurs les plus frappantes.
À part mon père, je n'ai jamais autant aimé des hommes. Un homme, comme toi, Paul. Tu assimiles la portée de ces propos. Tu es si brisé psychiquement, sentimentalement. Autant ne pas se fourvoyer. Pas vraiment divorcé de toi-même. Nous sommes conjoints. Cela n'est guère une tradition Allemande, pour toi, de prendre le patronyme de ton épouse, et tu le sais très bien. Pas anodin.
On se fie à ton sourire, non à ce que tu ressens. On a jamais pris la peine de te sillonner.
« Je me force à sourire pour ne pas montrer ma détresse, je ris pour empêcher mes larmes qui menacent de couler sur mes joues, ou en moi. Dans mes photos tu ne vois que mon visage, mais j'y dissimule ma douleur. » Miroir miroir...
Je te murmure: Ich verbrenne inherrlich.
La lueur étincelle. La cire de la bougie, coule. Le dobermann, décampe de sa niche.
Tu t'es couché dans mon lit sans demander ton reste.
Your pen is... ?
Your ink pours in my bowl.
EXPRIME-TOI !