¶ Nous sommes allongés sur le matelas découvert, la radio allumée, la fenêtre en oscillo-battant, les rideaux pirouettant. Assise sur le bord du lit après m'être relevée, avec du tabac à mes pieds, je me dis que nous avons passé nôtre après-midi à la narguer. Tu me fais basculer en arrière et me retrouve sur ton torse nu, je porte un soutien-gorge. T'embrassant langoureusement, je pose ma tête sur ton thorax, admirant le plafond aussi blafard que nôtre teint. Tu es proche de mon cœur qui s'emballe, une sorte de crise cardiaque, de malaise. Ma poitrine décolle en une secousse, du plomb sort de mon intérieur, une énergie puissante comme Saturne, élastique comme nous deux. Le tien peut être un fusil, bien que l'abîme de nos accoudoirs est criblé de sillages. Sur le sol se trouve quelques tiges si fines, une cuillère avec un briquet, et de la liqueur se répand, qui, quelques heures plus tôt se filtraient dans nos tubes globuleux, laissant la came y couler dedans. Nôtre tégument englué dans une cosse, s'étreignant, on digère cet électuaire, assommant.
Ce repas fût agréable.